Facteurs psychologiques conduisant au surpoids

Plusieurs facteurs psychologiques sont associés au surpoids et à l’obésité. Nos explications:

L’alimentation émotionnelle :
L’alimentation émotionnelle fait référence à la consommation de nourriture en réponse à des émotions, plutôt qu’à une faim physique. Les troubles mentaux tels que la dépression, l’anxiété et le stress peuvent contribuer à l’alimentation émotionnelle, entraînant une suralimentation et une prise de poids. Plusieurs mécanismes sont en jeu :

Mécanisme d’adaptation : La nourriture peut être utilisée comme mécanisme d’adaptation pour faire face à des émotions négatives. La consommation d’aliments appétissants peut procurer un sentiment temporaire de réconfort ou de distraction par rapport à la détresse émotionnelle.

Réponse neurobiologique : Le stress émotionnel peut déclencher la libération d’hormones de stress comme le cortisol qui, à leur tour, peuvent stimuler les envies d’aliments riches en calories et en sucre. Ces aliments peuvent avoir des effets gratifiants sur les centres de plaisir du cerveau, ce qui permet d’échapper temporairement à l’inconfort émotionnel.

Manque de soutien émotionnel: L’isolement et l’absence d’une personne proche, (famille, conjoint, ami) à qui confier ses soucis est aussi un facteur déterminant dans ce contexte.

Autres facteurs: La faible participation sociale est aussi un facteur lié au surpoids, ainsi qu’un faible niveau d’éducation et le chômage, de même qu’un faible niveau de contrôle de soi (« locus de contrôle interne », défini comme la croyance d’une personne en sa propre capacité à influencer sa santé en ajustant son comportement), et la croyance que l’on ne peut pas influencer sa propre santé.(a)


Rôle de la dépression :
La dépression peut être étroitement liée à la suralimentation et à la prise de poids par différentes voies :

Modification de l’appétit : La dépression peut affecter l’appétit, entraînant une augmentation ou une diminution de la prise alimentaire. En cas d’augmentation de l’appétit, les individus peuvent se tourner vers des aliments réconfortants à forte densité énergétique, contribuant ainsi à la prise de poids.

Manque de motivation : La dépression est souvent associée à une léthargie et à un manque de motivation, ce qui peut entraîner une réduction de l’activité physique. La combinaison d’un apport calorique accru et d’une dépense énergétique réduite peut contribuer à la prise de poids.

Effets des médicaments : La prise de poids est l’un des effets secondaires de certains antidépresseurs, ce qui complique encore la relation entre la dépression et le poids.


Rôle de l’anxiété :

L’anxiété peut contribuer à la suralimentation et à la prise de poids par les mécanismes suivants :

Alimentation liée au stress : Les personnes souffrant d’anxiété peuvent adopter une alimentation liée au stress pour gérer leur état émotionnel exacerbé. Cela peut conduire à la consommation d’aliments réconfortants qui sont généralement riches en calories.

Manger sans réfléchir : L’anxiété peut conduire à une alimentation irréfléchie ou émotionnelle, où les individus mangent sans prêter attention aux signaux de faim. Ce comportement peut entraîner une suralimentation et contribuer à la prise de poids.

Impact sur les hormones : L’anxiété chronique peut perturber l’équilibre hormonal, en particulier les niveaux de cortisol. Des niveaux élevés de cortisol peuvent influencer l’appétit et les préférences alimentaires, ce qui peut conduire à une surconsommation d’aliments malsains.


Rôle du stress :

Le stress contribue de manière significative à la suralimentation et à la prise de poids (lisez notre article sur la gestion du stress):

Libération de cortisol : Le stress chronique peut entraîner la libération de cortisol, une hormone associée à la réaction de lutte ou de fuite de l’organisme. Des niveaux élevés de cortisol peuvent augmenter l’appétit, en particulier pour les aliments riches en calories.

Besoin d’aliments réconfortants : Le stress peut provoquer des envies d’aliments réconfortants, souvent riches en sucres et en graisses. La consommation de ces aliments peut temporairement soulager le stress, mais peut contribuer à une prise de poids à long terme.

Perturbation de la routine : Le stress peut perturber les habitudes alimentaires et l’exercice physique. Des habitudes alimentaires irrégulières et un manque d’activité physique peuvent contribuer à la prise de poids au fil du temps.


Mécanismes d’adaptation malsains :

Les personnes confrontées à des problèmes de santé mentale peuvent avoir recours à des mécanismes d’adaptation malsains, notamment la suralimentation :

L’automédication : La nourriture peut être utilisée comme une forme d’automédication pour soulager temporairement la douleur ou la détresse émotionnelle.

Stratégies d’évitement : Certaines personnes peuvent utiliser la nourriture comme moyen d’éviter d’affronter des problèmes émotionnels sous-jacents. L’acte de manger peut servir de distraction face à des pensées ou des sentiments désagréables.

Conclusion:
Le lien entre les troubles de la santé mentale et la suralimentation nécessite une approche globale comprenant des interventions psychologiques, des stratégies comportementales et des modifications du mode de vie. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC), les techniques de pleine conscience et les stratégies de gestion du stress peuvent aider efficacement les individus à développer des mécanismes d’adaptation plus sains et à réduire les tendances alimentaires émotionnelles. En outre, une approche multidisciplinaire impliquant des professionnels de la santé mentale, des nutritionnistes et d’autres soignants peut apporter un soutien complet aux personnes qui luttent à la fois contre des problèmes de santé mentale et des problèmes de poids. D’une perspective de santé publique, il conviendrait de changer les normes sociales, de s’attaquer à l’image biaisée du corps véhiculée par la publicité et les médias, et d’identifier et d’aider les personnes à risque.


Utilisez le champ Commentaire ci-dessous pour partager votre expérience à ce propos et pour suggérer des améliorations à cet article.


Référence:

a) Sadiq Mohammad Ali, Martin Lindström, Socioeconomic, psychosocial, behavioural, and psychological determinants of BMI among young women: differing patterns for underweight and overweight/obesity, European Journal of Public Health, Volume 16, Issue 3, June 2006, Pages 324–330, https://doi.org/10.1093/eurpub/cki187


Partager sur:

Par Jean-François Etter

Professeur de santé publique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *