Les liens physiologiques entre le surpoids, l’obésité et la santé mentale sont complexes et impliquent une combinaison de facteurs, notamment l’inflammation, les déséquilibres hormonaux et le rôle des neurotransmetteurs. La compréhension de ces liens permet d’expliquer comment l’obésité et la santé mentale peuvent s’influencer mutuellement. Explications brèves et simples:

Une association complexe:
Il est difficile d’examiner les causes biologiques de l’association observée entre surpoids-obésité et troubles de santé mentale, notamment à cause de facteurs de risque communs comme la sédentarité, l’insomnie, les traumatismes dans l’enfance (violence, abus sexuels), et divers autres problèmes de santé.
Inflammation:
L’obésité est associée à un stress oxydatif et à une inflammation chronique de bas grade, caractérisée par des niveaux accrus de cytokines pro-inflammatoires. Cet état inflammatoire peut s’étendre au-delà du tissu adipeux et avoir un impact sur le système nerveux central. La relation entre l’inflammation et la santé mentale est bidirectionnelle.
Déséquilibres hormonaux:
L’impact hormonal de l’obésité, y compris les déséquilibres de l’insuline, de la leptine et de la ghréline, peut avoir un impact sur la santé mentale :
- Résistance à l’insuline: L’obésité est souvent associée à une résistance à l’insuline, c’est-à-dire que les cellules deviennent moins réactives à l’insuline. La résistance à l’insuline a été associée à des troubles cognitifs et à un risque accru de développer des troubles de l’humeur.
- La leptine, une hormone libérée par le tissu adipeux, signale la satiété, tandis que la ghréline signale la faim. L’obésité peut entraîner une résistance à la leptine, affectant la réponse du cerveau aux signaux de satiété. Les perturbations des niveaux de ghréline peuvent également influencer l’humeur et les réponses au stress.
Neurotransmetteurs:
Les neurotransmetteurs, messagers chimiques qui transmettent les signaux entre les cellules nerveuses, jouent un rôle crucial dans la santé mentale et la régulation du poids :
- Sérotonine: La sérotonine est un neurotransmetteur qui régule l’humeur, l’appétit et le sommeil. Une baisse des niveaux de sérotonine est associée à des conditions telles que la dépression et peut contribuer à une suralimentation, en particulier des aliments riches en hydrates de carbone. Certains antidépresseurs, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), visent à augmenter les taux de sérotonine.
- La dopamine est impliquée dans les voies de la récompense et du plaisir. L’obésité a été associée à une altération de la signalisation de la dopamine, contribuant potentiellement à des comportements alimentaires liés à la récompense et à des envies d’aliments très appétissants et riches en énergie. Le dysfonctionnement du système dopaminergique est également impliqué dans des pathologies telles que l’addiction.
Voies de la récompense et renforcement alimentaire:
La voie mésolimbique, qui implique la libération de dopamine en réponse à des stimuli gratifiants, est impliquée à la fois dans l’obésité et dans la santé mentale. La surconsommation d’aliments très gratifiants peut entraîner des changements dans les circuits de récompense du cerveau et influencer les comportements alimentaires.
Les personnes souffrant de troubles mentaux peuvent utiliser la nourriture comme mécanisme d’adaptation pour stimuler les circuits de récompense et soulager temporairement leur détresse émotionnelle. Cela peut contribuer à une suralimentation et à une prise de poids.
Médicaments utilisés en psychiatrie:
Certains médicaments destinés à traiter les troubles psychiatriques ont comme effet secondaire une prise de poids, notamment certains médicaments antipsychotiques et certains antidépresseurs, mais cet effet varie d’un patient à l’autre, notamment en raison de différences génétiques.(a)
Perspectives:
Pour traiter les liens physiologiques entre l’obésité et la santé mentale, il faut adopter une approche comprenant des modifications du mode de vie, des interventions comportementales et, le cas échéant, de médicaments ou de la chirurgie bariatrique. La bonne nouvelle est qu’une perte de poids peut aussi générer des avantages sur le plan de la santé mentale. Les soins collaboratifs impliquant des professionnels de santé de diverses disciplines peuvent apporter un soutien plus efficace et complet aux personnes confrontées à ces interactions complexes.
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Références:
a) Adrian L. Lopresti, Peter D. Drummond, Obesity and psychiatric disorders: Commonalities in dysregulated biological pathways and their implications for treatment, Progress in Neuro-Psychopharmacology and Biological Psychiatry, Volume 45, 2013,
Pages 92-99, ISSN 0278-5846, https://doi.org/10.1016/j.pnpbp.2013.05.005.